Per Epsen Stoknes : la psychologie au service de l'écologie
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Si peu sont ceux qui contredisent ce changement climatique, peu sont également ceux qui agissent vraiment.
Pour Per Espen Stoknes, ce paradoxe est produit en grande partie par la façon d’informer sur le changement climatique. Aujourd’hui, deux méthodes principales sont utilisées par les scientifiques et les médias.
- D’abord la méthode quantitative permet d’apporter pleins de chiffres et de données scientifiques sur la rapidité du changement et ses conséquences. Troublante et parfois difficile à comprendre de par son caractère scientifique, cette méthode n’a pas vraiment fait ses preuves.
- D’un autre côté, la méthode catastrophiste, plutôt présente dans les médias. Il s’agit alors de montrer les résultats qu’aurait le changement climatique sur nos modes de vie futurs en présentant tous les problèmes que cela engendra en terme de coûts, de pertes et de désastres[1].
Les impacts du changement climatique sont souvent présentés comme étant loin dans le temps. Les rapports parlent d’augmentations des températures à l’horizon 2050, 2100, ce qui semble loin dans le futur. Loin également dans l’espace. Parler de fonte des glaciers, de la disparition des coraux à quelqu’un habitant en ville, cela ne le touche pas directement. De même, le responsable premier, le dioxyde de carbone est invisible et sans odeur. Pour finir, parler à l’échelle de la planète nous fait nous sentir inutile. Il y a une sorte de distance entre les gens et ces faits qui réduisent le sens du risque et de l’urgence. La première barrière psychologique est donc la distance. Les humains sont incapables de se représenter l’interdépendance des écosystèmes, qu’il soit terrestre ou maritime.
La deuxième barrière se trouve dans la façon catastrophiste de présenter le changement climatique, par exemple via des graphiques aux courbes exponentielles effrayantes. Celui-ci est présenté en termes de destin tragique, de perte, de coût. En affirmant qu’il faut arrêter de manger de la viande et du poisson, consommer moins, on a l’impression de perdre quelques chose, de faire un sacrifice. En plus de cela, les gens s’habituent à la formulation catastrophiste et cela entraine même une désensibilisation. Per Espen Stoknes parle d’ « apocalypse fatigue » à cause d’un excès d’information brutale, ce qui ne nous touchent plus.
Vient ensuite la dissonance cognitive. Cela se produit quand nos actions ne sont plus en adéquation avec nos connaissances et notre système de valeurs et de croyances. En résulte un sentiment d’hypocrisie, de culpabilité pas forcément agréable. Pour s’en débarrasser, notre cerveau commence alors à imaginer des justifications, à trouver des boucs émissaires : « si j’agis tout seul, cela ne servira à rien », « je n’habite pas dans le pays qui pollue le plus, donc tout va bien », « mon voisin conduit un 4x4 de toutes façons »… On peut alors parler de sélection victimaire : la victime, le bouc émissaire est tenu responsable de la crise et il sera choisi avant tout pour sa différence. Cela peut même aller jusqu’à remettre en cause les rapports scientifiques si l’hiver est plus froid que le précédent. Les gens commencent alors à mettre leurs croyances en accord avec leurs actions plutôt que l’inverse.
Cette dissonance va de pair avec le déni et le démenti. Il s’agit d’un mécanisme de défense en niant le problème et en y faisant barrière. En faisant en sorte de ne pas recevoir d’information sur le réchauffement climatique, on s’assure de ne pas entrer en dissonance cognitive. Ainsi, le fait de ne pas avoir assez d’information sur les océans dans les médias peut venir de là. On sait que c’est un des problèmes les plus importants, mais on se refuse à y penser ou on ignore les informations que l’on reçoit.
Pour finir, l’identité est aussi au cœur de la question. Il y a d’abord l’identité politique : l’écologie est aujourd’hui colorée politiquement avec notamment l’existence de partie politique « vert ». Ces partis sont principalement mis sur la gauche de spectre politique, loin de l’idéologie conservatrice. Une partie de la population est alors d’office exclus à agir puisqu’ils ne souhaiteront pas s’identifier à ces partis de « gauche ». Or, si on regarde les partis majoritaires aujourd’hui dans le monde, on se rend bien compte que ce ne sont pas les parties en faveur de l’écologie qui sont majoritaires. Il y a aussi la question de l’identité culturelle qui peut avoir un fort impact sur les actes. Par exemple en France, il y a une sorte de mystification culturelle de la viande. Celle-ci ferait partie de la culture française et donc impossible d’y toucher.
Après avoir présenté ces barrières, Per Espen Stoknes présente des solutions de communication, faisant appel aux représentations sociales et à l’imaginaire pour les surmonter.
D’abord, il est possible de changer la distance grâce au social, en faisant en sorte de percevoir le climat comme quelque chose de personnel en l’introduisant chez nous. En utilisant le pouvoir de pair-à-pair, de communication directe entre individus. En effet, on agit beaucoup au sein de nos cercles sociaux que sont la famille, le travail, le sport et il est bien plus facile de faire confiance à une connaissance qu’à un étranger sur un plateau TV. En se sentant inclus dans une communauté qui agit pour le climat, il est possible de répandre des nouvelles normes sociales à échelle locale.
Ensuite, au lieu de parler de coûts et de pertes, il semble plus pertinent de parler des gains engendrés par le changement de mode de vie. En parlant de nouvelles opportunités technologiques, de création d’emplois, de la baisse des problèmes de santé, cela donnerait envie d’agir. En donnant des perspectives d’avenir positives, les actions auraient un sens sur le court et le long terme. Par exemple, au lieu de vanter les mérites du vélo par rapport à la voiture en ce qui concerne les émissions de gaz, il faudrait privilégier une communication montrant les bénéfices du vélo : aller plus vite en ville, être dehors, s’amuser, faire du sport…
En ce qui concerne la dissonance cognitive et le déni, la solution que propose Per Espen Stoknes est simple : changer ses habitudes de quotidien en visualisant les progrès fait et en mettant l’accès sur la simplicité du changement. Il s’agit d’inclure des mesures bonnes pour le climat dans toutes nos actions quotidiennes afin d’avoir des images directes de nos actions. Par exemple, au lieu de donner de l’argent à une association agissant pour le climat, où ne voit pas réellement à quoi sert l’argent que l’on a investi, il serait plus efficace de visualiser concrètement la baisse d’émission de CO2 engendré par un changement de mode de chauffage.
Pour finir, afin d’ancrer les nouvelles pratiques dans l’identité, raconter des histoires et personnifier les progrès permet de construire une sorte d’identité commune. Il est alors intéressant de reprendre les campagnes de communication de l’entreprise 4 ocean exposées précédemment. Cette entreprise utilise ce principe de « storytelling » pour exposer ses projets. L’histoire est la suivante : en allant à Bali pour surfer, les deux fondateurs se sont retrouver à surfer des vagues remplit de plastique et ont alors compris qu’il fallait qu’ils agissent.
Ensuite, au lieu de parler de coûts et de pertes, il semble plus pertinent de parler des gains engendrés par le changement de mode de vie. En parlant de nouvelles opportunités technologiques, de création d’emplois, de la baisse des problèmes de santé, cela donnerait envie d’agir. En donnant des perspectives d’avenir positives, les actions auraient un sens sur le court et le long terme. Par exemple, au lieu de vanter les mérites du vélo par rapport à la voiture en ce qui concerne les émissions de gaz, il faudrait privilégier une communication montrant les bénéfices du vélo : aller plus vite en ville, être dehors, s’amuser, faire du sport…
En ce qui concerne la dissonance cognitive et le déni, la solution que propose Per Espen Stoknes est simple : changer ses habitudes de quotidien en visualisant les progrès fait et en mettant l’accès sur la simplicité du changement. Il s’agit d’inclure des mesures bonnes pour le climat dans toutes nos actions quotidiennes afin d’avoir des images directes de nos actions. Par exemple, au lieu de donner de l’argent à une association agissant pour le climat, où ne voit pas réellement à quoi sert l’argent que l’on a investi, il serait plus efficace de visualiser concrètement la baisse d’émission de CO2 engendré par un changement de mode de chauffage.
Pour finir, afin d’ancrer les nouvelles pratiques dans l’identité, raconter des histoires et personnifier les progrès permet de construire une sorte d’identité commune. Il est alors intéressant de reprendre les campagnes de communication de l’entreprise 4 ocean exposées précédemment. Cette entreprise utilise ce principe de « storytelling » pour exposer ses projets. L’histoire est la suivante : en allant à Bali pour surfer, les deux fondateurs se sont retrouver à surfer des vagues remplit de plastique et ont alors compris qu’il fallait qu’ils agissent.
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